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Portrait - Les Ardoisières de Corrèze, un patrimoine qui perdure

Mis à jour le 09/07/2025

Photo © Julie Daurel

Après une longue carrière militaire au sein du ministère des Armées, François Legendre, aujourd’hui adhérent SCAM, saisit en 2018 l’opportunité d’acquérir l’entreprise SOCOBA.

Spécialisée dans la restauration du bâti ancien (maçonnerie traditionnelle, taille de pierre et couverture), la société, installée à Brive-la-Gaillarde (19), peut déjà compter sur une solide équipe d’une trentaine de salariés. « J’étais attiré depuis longtemps par le bâti ancien. Cela faisait dix ans que je songeais à me réorienter. J’avais repéré SOCOBA. L’acquisition s’est faite sur deux à trois ans, ce qui m’a laissé le temps de suivre une formation à l’École supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment », relate François.

François LEGENDRE

Pour lui, Bâtir comme autrefois (c’est le slogan de l’entreprise) n’est pas qu’un principe : c’est avant tout « une histoire d’hommes, de gestes, de passion ».


Toujours animé par ce désir de préservation d’un savoir-faire patrimonial, il rachète, en 2022, les Ardoisières de Corrèze. Son ami de longue date, Arnaud Debray, lui aussi ancien militaire, le rejoint pour assurer la gestion quotidienne des carrières de Travassac et d’Allassac, dont les ardoises sont réputées dans toute l’Europe pour leur qualité remarquable. « Le schiste que nous exploitons a été comprimé à 8 000 mètres de profondeur avant de remonter sous l’effet de la tectonique des plaques. Il a tellement chauffé qu’il en est devenu quasiment inaltérable. En comparaison, les ardoises espagnoles, qui représentent 95 % de la production mondiale, se sont formées à 4 000 mètres de profondeur », explique François.

Les Ardoisières de Corrèze

Pour lui, Bâtir comme autrefois (c’est le slogan de l’entreprise) n’est pas qu’un principe : c’est avant tout « une histoire d’hommes, de gestes, de passion ».

François Legendre

Appréciées pour leur grande robustesse, ces ardoises d’exception ornent des chantiers prestigieux comme l’abbaye du Mont-Saint-Michel ou les cathédrales de Dol-de-Bretagne et de Redon. Leur qualité est telle qu’elles peuvent même être retravaillées et réutilisées, une particularité unique
au monde. « Nos ardoises sont plus chères, mais c’est un choix stratégique, car elles durent bien plus longtemps », argumente François.

 

Conscient des enjeux économiques, ce dernier explore les leviers permettant de réduire les coûts de production. « Nous investissons prudemment
dans le renouvellement des machines et la rationalisation de l’atelier. Pour cela, nous sommes soutenus par le Département, la Région, l’État (via la
DRAC), et la CCI, qui nous accompagne dans la recherche d’aides. Il existe une vraie volonté politique de maintenir cette dernière carrière active en France », souligne-t-il.

 

 

Les Ardoisières de Corrèze


La société collabore également avec la Région Bretagne, qui envisage de rouvrir des carrières à ciel ouvert à Maël-Carhaix (22). « Si cela doit se
faire, nous accompagnerons le projet. » Car aujourd’hui, aucune formation spécifique n’existe pour ce métier rare : la transmission se fait uniquement à l’oral et par la pratique. Les treize salariés des ardoisières corréziennes sont, en quelque sorte, les derniers gardiens d’un savoir-faire ancestral.

Les Ardoisières de Corrèze