Portraits

Portrait - Sonia ou la naissance d’une coopérative

Mis à jour le 27/04/2024

Sonia Mésas

Sonia Mésas est une jeune femme de 28 ans, dynamique et entreprenante, qui déploie beaucoup d’énergie dans ses engagements personnels et professionnels.

Ancienne étudiante en droit, elle se réoriente rapidement vers un projet de création d’entreprise construit avec son mari, charpentier-couvreur ayant accompli une partie du tour de France des compagnons du devoir. Dans cette optique, elle obtient un BTS gestion des PME-PMI en 2018, année de lancement de leur société Tout pour mon toit, basée à Strasbourg. Pour parfaire son cursus, elle suit des formations en comptabilité, marketing et communication sur les réseaux sociaux, lui apportant ainsi un statut de dirigeante associée “multi-casquettes”. « Mais c’est sur le terrain qu’on apprend le plus », constate-t-elle.
 

Armés de leurs compétences complémentaires, ces deux jeunes entrepreneurs rencontrent le succès sans tarder. « On a commencé tous les deux avec un salarié, sans portefeuille clients », se souvient Sonia, « on a fait du porte-à-porte, communiqué sur le web et via le flocage de véhicules, ce qui s’est avéré très efficace, puisqu’en juillet 2019, on a embauché notre deuxième salarié. On compte aujourd’hui huit employés dans nos rangs, dont deux apprentis. »
 

À leurs débuts, il n’existe pas de coopérative dans leur domaine d’activité. Quand, en janvier 2022, ils sont invités à une réunion de présentation d'un projet de création de coopérative d'achat, ils décident immédiatement de soutenir ce projet, amorcé le même mois sous l’impulsion de Olivier Langue, constructeur bois. Cette initiative répond souhait de trouver une alternative à la distribution traditionnelle, et aux besoins de faire face à la pénurie et la hausse des prix des matériaux, en fait « d’acheter le bon produit au juste prix, tout simplement », souligne Sonia. « Les fournisseurs vivent de leur marge, qui est de 25 à 35%, alors qu’une coopérative ne marge que pour couvrir ses frais, à hauteur de 16 à 18% », précise-t-elle. « Pour l’instant, on s’investit en participant aux réunions techniques, en proposant des idées et en cherchant des adhérents ». En effet, pour commencer cette aventure, il leur faut atteindre les 50 adhérents. « On y est presque », se réjouit Sonia.
 

Pour réaliser leur objectif, les artisans fondateurs sont accompagnés par SCAB, qui les parraine. Son directeur, Julien Pierrat, les rassure : « c’est une grande aventure humaine, il y a ceux qui se lancent en premier, et ceux qui les rejoignent par la suite. » Ce noyau dur d’adhérents de la première heure peut aussi s’appuyer sur l’expertise et le soutien opérationnel d'ORCAB, notamment celui de Virginie Fraud et Alexandre Rivierre, du pôle Suivi, gestion & développement. « Ils ont déjà participé au lancement de plusieurs coopératives, ils nous donnent des points d'objectifs et nous expliquent comment les atteindre. »
 

La création de la coopérative est déjà bien amorcée. « Nous avons un site internet en ligne et nous venons de trouver le futur directeur général, Pascal Rivet, qui nous a exposé comment il voyait le développement de la coopérative. » Ses premières missions vont consister à trouver un local pour les bureaux et le stockage, élaborer le plan de vente, et planifier les dernières étapes pour la création de la coopérative. « De notre côté, nous continuons la prospection d'adhérents et nous allons bientôt élire notre conseil d’administration. »
 

L’entraide qui se tisse entre les artisans coopérateurs représente pour Sonia une valeur fondamentale, qu’elle s’applique à mettre en œuvre dans ses projets personnels. Car cette jeune maman est décidément très active et engagée. « Je viens de gagner le titre de reine du Bas-Rhin et de princesse d’Alsace. Contrairement au concours Miss France, le comité “Reines de France” ne vote pas selon des critères physiques, mais en fonction de valeurs humaines et d’actions menées. Cette année, je soutiens, en tant qu'élue, les associations “AFA Crohn” et “Alsace contre le cancer”. » Simone de Beauvoir disait : "on ne naît pas femme, on le devient”, peut-être en est-il de même pour les coopérateurs : “on ne naît pas adhérents, on le devient.”

"On ne naît pas adhérents, on le devient !"

Sonia Mésas