Portraits

Portrait croisés - Jean-Loup et Annie Durand

Mis à jour le 27/04/2024

Jean-Loup et Annie viennent de céder leur société à deux de leurs salariés, 20 ans jour pour jour après la reprise de
la menuiserie Les Combles Nantais. Très investis au service des artisans coopérateurs, Jean-Loup et Annie répondent en interview croisée.

Vos parcours et votre installation ?

Jean-Loup : Originaire de Vendée, mon père tenait une menuiserie en charpente. J’ai travaillé quelques années avec lui puis pendant 15 ans dans le commerce de fenêtres PVC. À l’approche de la quarantaine, j’ai eu envie de gérer une entreprise. La Chambre des métiers m’a mis en relation avec le vendeur des Combles Nantais.

Annie : Nous sommes mariés depuis 32 ans. J’étais secrétaire comptable en grande distribution. Depuis mon deuxième congé parental, je cherchais une autre activité, quand Jean-Loup s’est lancé. Pourtant, j’avais toujours dit que je ne travaillerai jamais avec lui, mais la confiance était là, alors voilà !

Les temps forts de ces 20 ans ?

Jean-Loup : En 2006, quand on a déménagé l’atelier. Je voulais acheter un terrain et construire un bâtiment fonctionnel, facilitant les échanges, et j’avais aussi envie de créer du patrimoine.

Un autre moment fort a été la formation de performance interne avec la CCI (Chambre de commerce et de l’industrie). Nous avons impliqué tout le personnel. Notre objectif était de passer de l’oral à l’écrit, car les paroles s’envolent, surtout entre l’atelier et le chantier. Nous avons mis en place des protocoles, assistés par une coach pendant 21 demi-journées. J’aime le management participatif ; l’achat de matériels, l’orientation des chantiers, l’organisation des plannings : toutes les décisions sont prises ensemble.

Annie : C’est comme quand la Chambre de métiers nous a attribué le label RSE (responsabilité sociétale des entreprises). C’est une démarche que nous avons menée en couple mais là aussi les 10 salariés ont pris part à la réflexion. Nous avons travaillé sur la qualité de vie au travail, qui passe aussi bien par l’économie d’énergie que par les produits biosourcés par exemple. Nos valeurs prennent en compte le bien-être de chacun, sinon à quoi bon. Nous essayons d’être conscients et engagés, et nous échangeons avec les clients sur notre démarche.

Pourquoi vous êtes-vous investis dans une coopérative ?

Jean-Loup : En 2003, mon prédécesseur était dans les premiers adhérents ARBA ; il m’a fait rencontrer le directeur. Surprise, nous nous connaissions déjà sans le savoir. Il m’a proposé de devenir adhérent, puis très vite administrateur. Je lui ai dit : « Oui, pas pour la coop, mais pour toi », car j’avais confiance en ses qualités humaines. Je suis resté 12 ans, dont deux ans en tant que vice-président. J’ai par la suite été élu administrateur FORCAB (Fédération pour l’organisation et le regroupement des coopératives d’achat pour les artisans du bâtiment) puis au conseil d’administration ORCAB.

Annie : Moi, j’ai été enrôlée ! En 2003, lors d’une formation gestion à la CAPEB 44, j’y ai rencontré des personnes formidables. J’ai intégré la commission des femmes conjointes, puis le conseil d’administration, pour devenir enfin responsable du département. Je suis également membre du conseil d’administration de l’AMEBAT 44 (médecine du travail dédiée au bâtiment). Ça nous permet d’y défendre là aussi la voix de l’artisan et de redescendre des informations.

L’origine de la revente et la passation de pouvoir ?

Jean-Loup : L’objectif de départ était de pouvoir revendre l’entreprise. En 2013, nous avons recruté Thomas en tant qu’ouvrier, puis Maxime au poste de chargé d’affaires car je voulais déléguer. Je l’ai formé au commerce et au chiffrage, et il gérait les approvisionnements des chantiers. À 57 ans, suite à un infarctus, j’ai déclenché le processus de valorisation de l’entreprise. Thomas et Maxime sont venus me voir en me disant « on serait intéressés pour y aller tous les deux. ».

Annie : Nous avons avancé tranquillement pendant deux ans, pour voir leur motivation, et ça a fonctionné. Nous ne nous sommes pas posé de questions et naturellement je suis restée pour les aider. Nos repreneurs sont déjà biberonnés à la coopérative, ils resteront donc adhérents ARBA. Pour le reste, je lâche tous mes mandats, sans regrets, il faut laisser la place aux autres. Je leur souhaite de prendre autant de plaisir que moi.

Jean-Loup : Au final, j’estime avoir reçu plus que j’ai donné, et ceux qui me connaissent peuvent en mesurer l’importance. Je suis encore un peu actif en coopérative, je reste membre de la commission salon. J’aimerai bien transmettre mon expertise maintenant, pourquoi pas par de la formation.