Portraits

Portrait - Guillaume, un artisan en Scop

Mis à jour le 20/04/2024

L’entreprise IBC Menuiserie (44), adhérente ARBA depuis sa création par Guillaume Potier en 2012, a pris un tournant majeur le 1er Janvier en intégrant le grand réseau des Scop (société coopérative et participative).

« J’ai toujours voulu en arriver là », explique le jeune dirigeant, qui a d’abord développé son entreprise pendant 10 ans. « J’ai commencé tout seul et j’ai progressivement embauché jusqu’à quatre salariés », dont un homme qui approche de la retraite et une femme en production. Pour lui, la diversité des compétences, des savoir-faire et savoir-être représente un atout pour répondre aux demandes très variées des particuliers (cuisines sur mesure, meubles, parquet, lambris, isolation, placo, ouvertures, escaliers, terrasses, ossature bois, etc.). « Pour maîtriser tous ces domaines, il faut une équipe complémentaire. »

Travailler à plusieurs dans son entreprise est un leitmotiv pour Guillaume, et la répartition équitable des bénéfices lui paraît juste et logique. « Plus je me renseignais sur les Scop, plus j’adhérais », confirme-t-il, fidèle à ses valeurs, qu’elles soient sociales ou environnementales. « J’aime que mon travail ait du sens pour moi et soit respectueux ». 

 

Explorer de nouvelles solutions est une source de motivation aussi. Pour donner un exemple révélateur, ce titulaire d’un brevet de maîtrise en ébénisterie expérimente depuis peu un séchoir construit avec son équipe. Ce dernier doit permettre de réduire le temps de séchage de planches de bois et ainsi passer de deux voire quatre années de séchage naturel à deux semaines.
Depuis longtemps, Guillaume prend plaisir à sélectionner du bois sur pied dans les forêts aux alentours, à le faire livrer puis débiter par une scierie mobile pour ensuite le stocker, le sécher et le transformer. Si ce procédé s'avère somme toute économique, il présente aussi beaucoup de contraintes et de risques. Mais au final, l’entreprise utilise à 80% du bois sélectionné sur pied. « C’est magique de partir d’un tronc d’arbre pour arriver à un meuble, et de plus en plus de clients sont sensibles à cette démarche. »

 

Sortir des sentiers battus n’est donc pas un souci pour Guillaume, au contraire. C’est donc sans frein psychologique qu’il s’est orienté vers le choix de la Scop. « Il y a plein d’idées reçues à propos des Scop. Beaucoup pensent que les entreprises transférées à leurs salariés sont en difficultés économiques par exemple. Dans le cas de mon entreprise, j’ai attendu que chaque salarié soit informé et prêt à assumer sa nouvelle implication. Légalement, il suffit de deux personnes pour monter une Scop, mais je pense qu’il en faut au minimum trois ou quatre. L’union régionale de notre secteur est intervenue à plusieurs reprises pour expliquer le fonctionnement des Scop et répondre à nos questions », relate Guillaume, qui fait le constat d’un accompagnement efficace. Il observe aussi depuis le début de l’année un investissement accru de ses collaborateurs, qui commencent à prendre en main spontanément de nouvelles missions. Pour maintenir un équilibre relationnel, les rôles de chacun, dont son statut de gérant, sont clairement définis.


À des entrepreneurs qui s’inquièteraient de perdre le contrôle, il fait part de son expérience : « Bien sûr mes collaborateurs peuvent en théorie désormais voter pour un autre gérant, mais dans les faits personne ne le souhaite. »

« J’ai commencé tout seul et j’ai progressivement embauché jusqu’à quatre salariés »

Guillaume Potier